Vaccin Covid-19 : un muscle atrophié n’empêche pas l’efficacité !
Deux études, dont l’une soutenue par l’AFM-Téléthon, montrent que les personnes atteintes de maladies neuromusculaires répondent bien aux vaccins à ARN messager contre la Covid-19, en dépit de l’atrophie de leurs muscles.
Les vaccins contre la Covid-19 s’injectent dans un muscle et la question est posée de façon récurrente depuis leur mise à disposition. Quid de leur efficacité lorsque le tissu musculaire est réduit, remplacé par de la fibrose ou du tissu graisseux ?
Pour le savoir, une équipe française a conduit avec l’AFM-Téléthon l’étude Cannemuss auprès de 33 personnes âgées de 21 à 70 ans, atteintes de différentes maladies neuromusculaires (dystrophinopathies, amyotrophie spinale proximale lié au gène SMN1, myopathies mitochondriales…) ayant entrainé une perte de la marche. Ils ont reçu deux injections d’un vaccin anti-Covid-19 à ARN messager.
Vaccin à ARN messager, c’est quoi le principe ?
Les vaccins contre la Covid-19 des laboratoires Pfizer et Moderna notamment contiennent un ARN messager (ARNm) codant la protéine S (ou spike), présente à la surface du virus responsable de la maladie, le SARS-CoV-2. Ces vaccins sont administrés par injection dans un muscle, de préférence le deltoïde au niveau de l’épaule, où quelques cellules intègrent cet ARNm dans leur cytoplasme, et fabriquent une petite quantité de protéine S. Le système immunitaire la détecte et produit des anticorps « neutralisants » dirigés contre elle. Cette réaction immunitaire protège ainsi l’organisme si une nouvelle infection par le SARS-CoV-2 devait se produire. Les travaux de recherche sur l’ARN messager qui ont permis le développement de ces vaccins ont valu à Katalin Kariko et Drew Weissman de recevoir le prix Nobel de médecine 2023.
Une bonne réponse vaccinale
Six semaines après la vaccination, 90% des participants avaient un taux sanguin d’anticorps anti-protéine S (témoin d’une réponse au vaccin) protecteur vis-à-vis du virus et ces anticorps sont fonctionnels (activité neutralisante sur le virus). Six mois après la vaccination, 36% des patients étaient encore bien protégés. Pour les autres, une seule injection de rappel a permis de restaurer une immunité à long terme : leur taux d’anticorps était de nouveau élevé quatre mois après le rappel, sans baisse significative à six mois. Durant l’année de l’étude, aucun des 33 participants n’a déclaré de symptômes de la Covid-19 et trois ont développé une forme asymptomatique de l’infection, confirmant l’effet protecteur du vaccin contre les formes graves.
Des résultats antérieurs concordants
Une équipe nord-américaine avait abouti à des conclusions comparables en 2021, après avoir étudié 14 personnes atteintes de dystrophie musculaire de Duchenne ou de Becker (9/14), d’amyotrophie spinale proximale liée au gène SMN1(SMA) (1/14) ou de myopathie des ceintures (2/14). Huit de ces participants prenaient un traitement par corticoïdes, des médicaments dont on aurait pu penser qu’ils émoussent la réaction immunitaire que provoque la vaccination,
Deux semaines après l’administration de la deuxième dose de vaccin, les taux de certains anticorps anti-protéine S (anti-RBD) étaient similaires chez les 14 patients atteints de maladies neuromusculaires et dans un groupe contrôle vacciné et indemne de ces maladies. Comparées aux personnes qui ont contracté la Covid-19, celles qui étaient vaccinées, qu’elles soient atteintes ou non de maladie neuromusculaire, avaient entre neuf et 11 fois plus d’anticorps. Enfin, dans cette même étude, se faire vacciner permettait d’acquérir une meilleure capacité à neutraliser le virus (+50%) que d’avoir la Covid-19.
La campagne de rappel, c’est maintenant !
Depuis le 2 octobre 2023 les personnes à risque de formes graves de Covid-19 sont invitées à recevoir un nouveau rappel de vaccin contre la Covid-19. Cela concerne notamment les personnes âgées de plus de 65 ans, celles atteintes de comorbidités ou immunodéprimées. Au-delà, toute personne qui le souhaite, fragile ou non, peut recevoir gratuitement une dose de rappel dans un délai d’au moins six mois après la précédente.
Le vaccin contre la grippe est également recommandé, à la même période. Les deux virus (Covid-19 et grippe) circulent en effet cet automne. Pour se simplifier la vie en limitant le nombre de rendez-vous à prendre, il est possible depuis le 17 octobre 2023 de se faire vacciner contre la Covid-19 et la grippe lors de la même consultation de son médecin, son pharmacien ou son infirmier. Comme le souligne le ministère de la santé et de la prévention, « l’expérience acquise de longue date en matière de vaccination montre que la co-administration de plusieurs vaccins n’est pas dangereuse pour le système immunitaire et ne compromet pas leur efficacité ».
Sources
mRNA intramuscular vaccination produces a robust IgG antibody response in advanced neuromuscular disease
Demonbreun AR, Velez MP, Saber R et al.
2021 Nov 19:S0960-8966(21)00706-9.
Anti-SARS-CoV-2 (COVID-19) vaccination efficacy in patients with severe neuromuscular diseases.
Damour A, Delalande P, Cordelières F et al.
Rev Neurol (Paris). 2023 Aug 24:S0035-3787(23)00977-3.
Note d’information interministérielle N° DGS/SP1/DGOS/RH3/DGCS/SD3/2023/113
du 19 juillet 2023 relative à la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière 2023-2024
et la campagne automnale de vaccination contre le Covid-19