Le chemin du médicament
De la découverte d’une maladie à la mise à disposition d’un traitement, le chemin est long et semé d’embûches. Tour d’horizon des grandes étapes indispensables qui jalonnent les travaux des chercheurs et permettent d’aboutir aux premiers traitements contre les maladies rares.
La recherche fondamentale : premières pistes
Pour mettre au point un traitement, les chercheurs doivent trouver l’origine de la maladie et en comprendre les mécanismes. Ainsi, si la pathologie est d’origine génétique, ce qui est le cas de la majorité des maladies rares, il faut identifier le ou les gène(s) porteur(s) d’anomalies.
Pour y parvenir, les généticiens analysent des gènes déjà connus pour être impliqués dans des maladies, ou l’ensemble du génome du malade. Ils s’appuient sur un grand nombre d’analyses dans le but de comprendre les mécanismes de la pathologie (imagerie, histopathologie, biochimie, criblage, etc.) effectuées sur les tissus des malades, des cellules saines ou malades et des petits animaux modèles comme la drosophile (mouche à vinaigre), le poisson-zèbre, le ver nématode.
Une fois les mécanismes identifiés, ils peuvent concevoir et proposer des traitements potentiels.
L’AFM-Téléthon et la recherche fondamentale
Dans le domaine de la recherche fondamentale, l’AFM-Téléthon apporte son soutien à plus de 350 programmes de recherche et jeunes chercheurs chaque année à travers ses propres appels d’offres ou ceux d’associations partenaires. Seule ou en partenariat, elle a également créé ses propres laboratoires, Généthon, l'Institut de Myologie, I-stem, des leaders internationaux dans le domaine des biothérapies innovantes.
Le développement préclinique
Les études précliniques ont pour objectifs :
- d’apporter la preuve de principe de l’intérêt et de l’efficacité du traitement envisagé,
- d’évaluer son absence de toxicité, son devenir dans l’organisme, son mode d’administration,
- de définir les doses optimales et les critères d’évaluation des effets du traitement.
Pour cela, les chercheurs vont tester le traitement sur des cellules et/ou des modèles animaux de plus en plus gros, génétiquement et physiologiquement proches des malades, si ces modèles existent. Il peut s’agir de mouches, de vers ou de poissons ou d’animaux plus gros comme les chiens qui ont de nombreuses maladies héréditaires similaires à celles de l’être humain.
Cette étape de la recherche est longue, coûteuse et difficile. Elle est indispensable pour valider la sécurité et l’efficacité d’un traitement avant qu’il ne soit également testé chez les malades.
La recherche animale, une obligation règlementaire
La recherche animale est une obligation règlementaire, strictement encadrée, en France, par les Ministères de l’agriculture et de la recherche. Des comités d’éthique indépendants examinent tous les protocoles de recherche impliquant des animaux.
En savoir plus sur la position de l'AFM-Téléthon sur la "recherche médicale et les essais chez les animaux"
Le développement clinique : les essais chez l’homme
Pour démarrer les essais cliniques, un dossier de demande d’autorisation d’essai clinique est déposé auprès des autorités réglementaires du pays dans lequel le traitement sera évalué chez l’Homme. Par exemple, en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), et aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA). Ces agences vérifient que toutes les études pré-cliniques permettant de garantir le maximum de sécurité pour les essais chez l’homme ont bien été effectuées. Si ce n’est pas le cas, l’essai ne sera pas autorisé et le traitement ne pourra pas être proposé aux malades.
Une fois le feu vert reçu, les essais cliniques peuvent démarrer.
1 minute pour comprendre... les essais cliniques
L'essai clinique de phase 1 a pour objectif d’évaluer la toxicité du produit chez l’Homme et son devenir dans l’organisme.
Si les résultats sont positifs, un essai clinique de phase 2 sera alors organisé, cette fois chez une centaine de malades. Il s’agit toujours de s’assurer de l’absence de toxicité, mais aussi d’établir la dose optimale de traitement. Pour les maladies rares, faute de traitement alternatif, généralement les essais débutent en phase 2, avec un nombre moindre de patients.
Là encore, si les résultats sont positifs, un essai de phase 3 sera lancé chez un millier de malades durant une période plus longue. Dans ce cas, il s’agit de comparer le traitement à un médicament alternatif ou un placebo. Concernant les maladies rares, le nombre de malades concernés est moins important. En outre, si la pathologie est très sévère, le nouveau traitement ne sera pas évalué par rapport à un placebo, mais sera comparé à l’évolution naturelle de la maladie.
Les essais soutenus par l’AFM-Téléthon
L’AFM-Téléthon apporte son soutien à des essais thérapeutiques en cours ou en préparation, qui s’appuient en grande partie sur des thérapies innovantes. Découvrez la liste des essais et traitements soutenus par l’AFM-Téléthon
La mise à disposition du traitement
Lorsque tous les essais cliniques sont terminés et que le bénéfice du traitement est avéré, une autorisation de mise sur le marché (AMM) est demandée pour permettre à tous les malades de recevoir le médicament.
En Europe, cette demande est faite auprès de l’Agence européenne du médicament (EMA), et auprès de la FDA aux Etats-Unis.
L’AMM n’est donnée que si les agences estiment que le rapport “bénéfice versus risque” penche suffisamment en faveur du bénéfice.
Si ce n’est pas le cas, le promoteur devra affiner ses résultats, voire recommencer des essais cliniques.a affiner ses résultats, voire recommencer des essais cliniques.