Sport et maladie neuromusculaire : briser les idées reçues
En ce début d’année qui s’annonce olympique, l’Institut de Myologie a réalisé pour Vidal.fr un tour d’horizon des connaissances concernant la pratique d’une activité physique dans les maladies neuromusculaires. L’occasion de revenir sur le bien-fondé de l’exercice et les recommandations pour cette population de patients.
Le Médicosport-santé© est un dictionnaire numérique à visée médicale des disciplines sportives diffusé par Vidal.fr, le site de référence de l’information médicale à destination des professionnels de santé. Une équipe de l’Institut de Myologie vient d’y publier un article sur la thématique « Activité physique et maladies neuromusculaires » qui a été rédigé dans le cadre d’échanges avec le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF).
Un changement de paradigme
Longtemps décriée dans les maladies neuromusculaires comme pouvant abimer les muscles, la pratique d’une activité physique est désormais considérée comme inoffensive, si elle est réalisée dans les bonnes conditions. Elle est même préconisée : « on s’en sert ou on le perd » est désormais le mantra porté par de nombreux professionnels de santé concernant le muscle, y compris pour les patients neuromusculaires.
Tous concernés
Les données actuelles livrent un message clair et unanime : quel que soit l’âge, la maladie (dystrophie musculaire de Duchenne, LGMD, FSHD, myosites…) ou sa sévérité, la pratique d’une activité physique peut avoir des bénéfices tant qu’elle est adaptée à ses besoins et ses capacités. Aucune étude ne rapporte d’effets indésirables sérieux. Bien au contraire, l’exercice peut permettre de ralentir l’évolution de la maladie et de récupérer certaines capacités, de lutter contre les troubles (obésité, complications respiratoires ou digestives…) liés à la sédentarité, et ainsi d’améliorer son autonomie et sa qualité de vie. Même à faible intensité, la pratique d’une activité physique adaptée permet de soulager le stress et l’anxiété, et améliore l’image de soi. Interactions sociales, niveau de fatigue, bien-être mental… les effets positifs sont multiples, l’exercice peut même être plus efficace que les antidépresseurs !
La synthèse publiée par l’Institut de myologie rappelle également que l’absence d’effets visibles ne veut pas dire une absence de bienfaits. L’évolution de la maladie peut rendre les gains difficiles à percevoir, bien qu’elle soit ralentie ou que des bénéfices extra-neuromusculaires et psychologiques existent.
À la bonne dose et bien accompagné
Un avis médical spécialisé est nécessaire avant de s’engager dans toute nouvelle activité physique afin de vérifier qu’aucune contre-indication ne la rend impossible. Dans leur article paru dans le Médicosport-santé©, l’équipe de l’Institut de Myologie recommande deux à trois séances par semaine dans la plupart des cas. La combinaison d’entrainement en force (anaérobie) et en endurance (aérobie) à intensités modérées donne les meilleurs résultats dans les dystrophies musculaires (DMD, LGMD…), les myosites et les myasthénies. Chez les patients atteints de myasthénie, il est préconisé d’attendre que les symptômes soient stabilisés avant de démarrer un programme d’exercice, et d’éviter les longues séances en endurance.
Le travail en endurance seule semble plus efficace dans les myopathies mitochondriales et les maladies métaboliques (maladie de Pompe, maladie de McArdle…). Pour la majorité de ce dernier groupe, les auteurs conseillent de ne jamais s’exercer à jeun, de consommer du sucre au cours de l’exercice et d’avoir une alimentation générale riche en glucides.
Progressivité, prudence et régularité sont les maîtres-mots d’une pratique physique sans danger et efficace. Kinésithérapeutes, ergothérapeutes et enseignants en activité physique adaptée (APA) peuvent vous accompagner, notamment pour vous apprendre les bons mouvements, à la bonne intensité. Prendre du plaisir est également primordial pour y souscrire de façon durable.
Sources :
Activité physique et maladies neuromusculaires.
Bachasson, D., Behin, A., Gargiulio, M., & Hogrel, J. Y.