Myopathie facio-scapulo-humérale
La dystrophie musculaire ou myopathie facio-scapulo-humérale (FSHD ou FSH) est une maladie musculaire d’origine génétique. Les mécanismes en cause sont particulièrement complexes et n’ont pas encore tous été élucidés. Plusieurs pistes thérapeutiques sont à l’étude. En l’absence d’un traitement pour guérir la FSHD, la prise en charge améliore les symptômes de la maladie.
Qu’est-ce que la FSHD ?
La dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale (FSHD ou FSH) est une maladie des muscles : une myopathie. C’est une maladie rare qui atteint les femmes comme les hommes.
Elle se manifeste par une diminution de volume des muscles (amyotrophie) et une faiblesse musculaire qui touchent préférentiellement les muscles du visage (facio), de l’épaule (scapulo) et du bras (humérale) (gêne pour lever les bras, se coiffer ou attraper des objets en hauteur, gonfler les joues, sourire...) mais aussi parfois les muscles des jambes (pieds qui tombent, difficultés pour monter des escaliers, marcher ou se redresser...). En général, les deux côtés du corps ne sont pas atteints de la même façon, on parle d'asymétrie.
Les premiers symptômes apparaissent le plus souvent à l'adolescence ou à l'âge adulte. L’importance de l'atteinte musculaire est extrêmement variable d’une personne à l’autre, y compris au sein d’une même famille. Une étude d'histoire naturelle permet de mieux comprendre l'évolution au cours du temps de la FSHD.
Elle touche 4,5 personnes sur 100 000, ce qui correspond environ à 3 000 personnes atteintes en France.
Les différentes appellations de la FSHD
La dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale est aussi appelée myopathie facio-scapulo-humérale, maladie de Landouzy-Dejerine, facio-scapulo-humeral muscular dystrophy en anglais. En abrégé, on peut retrouver les sigles FSHD ou FSH, mais FSH étant aussi le sigle de l'hormone folliculo-stimulante, l'emploi de FSHD est de plus en plus utilisé.
À quoi est due la FSHD ?
Elle est due dans une région du chromosome 4 à une modification de l'organisation de la chromatine : celle-ci est moins compacte (les scientifiques parlent de relaxation de la chromatine) et est associée à une diminution de la méthylation (hypométhylation) de l’ADN.
Cette région chromosomique est constituée de nombreuses répétitions de D4Z4 : entre 11 à 100 répétitions chez les personnes indemnes de la maladie.
On distingue deux types de FSHD :
- La FSHD de type 1 (FSHD1) est due à une diminution du nombre de répétitions D4Z4(compris entre 1 et 10) sur le chromosome 4 en plus de la relaxation de la chromatine et de la diminution de la méthylation (hypométhylation) de l’ADN.
- Les personnes atteintes de FSHD de type 2 (FSHD2) n’ont pas de diminution du nombre de répétitions D4Z4 sur le chromosome 4 mais présentent, elles aussi, une relaxation de la chromatine et une hypométhylation de l’ADN dans cette région du chromosome 4. Celle-ci est associée chez 85% des personnes atteintes de FSHD2 à des anomalies dans le gène SMCHD1 (chromosome 18) et pour les autres, à des anomalies dans les gènes DNMT3B (chromosome 20) ou LRIF1 (chromosome 1).
Dans la FSHD1 et la FSHD2, la protéine DUX4 est produite de façon abérante dans les muscles des personnes atteinte de la maladie. Elle entraine une série de réactions dans les cellules musculaires à l’origine des manifestations de la FSHD.
Les deux formes de dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale, FSHD1 et FSHD2, se manifestent de façon très similaire malgré les différences au niveau de leur cause génétique.
Comment se déroule le diagnostic génétique en France ?
À partir d'une prise de sang, une analyse génétique permet de rechercher des anomalies génétiques en cause dans la FSHD. Elle n'est réalisée que dans quelques laboratoires de génétique moléculaire experts.
Jusque récemment, le diagnostic génétique de la FSHD2 n’était réalisé que dans le cadre de travaux de recherche. Il est maintenant proposé au CHU de la Timone (Marseille) à tous les malades qui répondent à des critères à la fois cliniques, génétiques et épigénétiques très précis.
Que peut-on faire ?
L'évolution de dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale (FSHD) est lente dans la plupart des cas et le traitement est, pour l’instant, symptomatique. La prise en charge permet d’améliorer le confort de vie des personnes atteintes de FSHD et d’empêcher les complications, en particulier au niveau des muscles et des articulations.
- Le diagnostic et la prise en charge d'une myopathie facio-scapulo-humérale se conçoivent au mieux dans le cadre de consultations pluridisciplinaires spécialisées dans les maladies neuromusculaires.
- La prise en charge orthopédique (kinésithérapie, appareillage) entretient la souplesse et l'amplitude des mouvements ; elle limite la progression d'une déformation de la colonne vertébrale (cambrure excessive). Le port d'un appareil releveur de pied peut faciliter la marche.
- Des aides techniques (téléphone main libre, canne, support de bras, pince à long manche...) aident à réaliser les gestes de la vie quotidienne plus compliqués ou pénibles en raison de la gêne musculaire.
- Une activité physique modérée contribue à se sentir mieux en diminuant, au moins en partie, l’état de fatigue générale.
- La carte d’urgence Dystrophie facio-scapulo-humérale, mise en place par la filière FILNEMUS en 2019, présente les recommandations importantes pour la sécurité et la prise en charge médicale d’urgence des personnes atteintes de myopathie FSHD.
- Le conseil génétique permet d'informer et d'accompagner une personne, ou une famille, confrontée au risque de développer ou de transmettre cette maladie.
Des informations pour votre médecin traitant
La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié un protocole national de diagnostic et de soins sur la dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale ainsi qu'une synthèse, plus courte, destinée aux médecins traitants.
Où en est la recherche dans la FSHD ?
La recherche dans la dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale (FSHD) est très active à la fois pour mieux comprendre les mécanismes génétiques en cause dans la maladie et pour explorer des pistes thérapeutiques, parmi lesquelles :
- une supplémentation en vitamines et en minéraux pour palier le déficit en anti-oxydants et améliorer les performance physiques dans la FSHD.
- un micro-ARN naturel, produit par les cellules, le miR-675 inhibe l’expression du gène DUX4 et ses conséquences nocives dans des modèles cellulaires de FSHD.
- une approche par oligonucléotide antisens afin de diminuer la quantité de DUX4, anormalement augmentée dans la FSHD1 et la FSHD2, qui a obtenu de premiers résultats prometteurs ;
- l'utilisation de « leurres » pour piéger DUX4 qui semble également fonctionner aussi bien dans des modèles cellulaires qu’animaux de la FSHD.
Un observatoire national
L'Observatoire national français des patients atteints de dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale (Observatoire DMFSH) est un entrepôt de données, soutenu financièrement par l'AFM-Téléthon, dont l'objectif est de rassembler des informations génétiques et cliniques d'un maximum de personnes atteintes de FSHD. Il permet d’améliorer les connaissances sur la maladie, d’accélérer la mise au point de médicaments et d’identifier plus rapidement les personnes susceptibles de participer à une étude ou un essai clinique. Cet Observatoire a récemment été ouvert aux enfants de plus de six ans.
Au 1er mars 2024, les données de 1264 patients étaient incluses, en très grande majorité des personnes atteintes de FSHD de type 1 (FSHD1).
Des essais et études cliniques en cours en France dans la FSHD
Plusieurs essais ou études cliniques sont en cours pour évaluer les effets de candidats-médicaments, mieux comprendre l’histoire naturelle de la maladie, étudier des outils d’évaluation de sa progression...
Pour en savoir plus sur les essais ou études cliniques dans la FSHD en France
Une enquête sur les attentes des patients vis-à-vis de futurs essais cliniques dans la FSHD a été conduite par FSHD Europe, organisation dont l’AFM-Téléthon est membre.
voir les avancées dans la fshd
Comment la recherche est-elle organisée ?
La recherche dans la myopathie facio-scapulo-humérale (FSHD) implique un grand nombre d’équipes au niveau mondial. Les grands congrès internationaux consacrés aux maladies neuromusculaires permettent aux chercheurs impliqués d'échanger sur l'avancement de leurs projets de recherche et de mettre en place des collaborations.
- La dernière édition du congrès annuel de la FSHD Society s’est déroulée les 13 et 14 juin 2024 à Denver (Etats-Unis). A cette occasion, différents présentations ont porté sur la recherche dans la FSHD, l’épigénétique, la clinique...
- Suite à la création d'un réseau européen d'essais cliniques sur la FSHD, des premiers ateliers de travail ont réuni des cliniciens pour identifier les freins à lever pour faciliter la mise en place de futurs essais cliniques.
- Les dernières avancées dans la FSHD font également régulièrement l’objet de sessions lors de conférences internationales dans le domaine des maladies neuromusculaires comme le congrès annuel de la World Muscle Society ou le colloque Myology organisé tous les 4 ans par l’AFM-Téléthon.
Le groupe d’intérêt AFM-Téléthon FSHD
Il rassemble des malades atteints de FSHD, experts de cette maladie. En plus du partage d’expériences, il apporte une information médicale et scientifique régulière sur son blog ou lors de journées d’information, en lien avec des médecins et chercheurs impliqués dans la FSHD.
https://fsh.afm-telethon.fr/
Comment évolue la FSHD ?
Le plus souvent, l'évolution de la FSHD est très lente avec des périodes de stabilisation de durée variable. Classiquement, l’atteinte des muscles du visage est peu ou pas évolutive. En revanche, l’atteinte des muscles des membres (jambes, bras et avant-bras) et des racines des membres (épaules et bassin) l’est à des degrés qui varient beaucoup d’une personne à l’autre.
Les troubles de la marche peuvent amener la personne à utiliser une aide pour pouvoir continuer à se déplacer seule : canne, scooter électrique, fauteuil roulant manuel ou électrique…
Il existe aussi des formes tardives (débutant après 50 ans) avec peu, voire pas de symptômes (ou asymptomatique). A l'inverse, les formes infantiles, qui débutent dans l'enfance, sont sévères et évoluent rapidement.