Le kiné : un pro de la prise en charge orthopédique et respiratoire
Dans les maladies neuromusculaires, l’affaiblissement progressif des muscles peut affecter non seulement la force musculaire, mais également la mobilité, la respiration ou encore la fonction cardiaque... Entretenir la souplesse des muscles aide à maintenir les capacités fonctionnelles aussi longtemps que possible et améliore considérablement la qualité de vie. C’est le rôle des kinésithérapeutes. Explications.
Quel rôle joue le kinésithérapeute ?
La kinésithérapie fait partie intégrante de la prise en charge pluridisciplinaire, et en particulier la prise en charge orthopédique dont le kinésithérapeute assume la responsabilité au quotidien. Le but de son travail est de maintenir ou améliorer la fonction des muscles, des articulations et des os. Il emploie divers techniques et outils dans le cadre d’un programme de soins adapté aux spécificités de chaque personne : la nature de son atteinte musculaire/respiratoire, la sévérité de ses symptômes, son âge, celui du début de sa maladie et de son évolution.
Le kinésithérapeute intervient sur prescription médicale, en cabinet libéral, à domicile ou parfois, au sein d’un établissement scolaire, pour des enfants suivis par un SESSAD ou dans un CAMSP.
En plus des séances qu’il réalise lui-même, le kinésithérapeute peut apprendre à la personne ou à un aidant certaines techniques d’auto-rééducation qui viennent en complément : massages, exercices réalisables à domicile…
Où et comment consulter un kinésithérapeute :
Le kinésithérapeute participe au suivi pluridisciplinaire de la consultation neuromusculaire. Votre médecin référent peut vous orienter vers un kinésithérapeute rattaché à la consultation neuromusculaire.
Vous pouvez aussi vous rapprocher de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de votre département, qui disposent de kinésithérapeutes intégrés à l’équipe d’évaluation.
Si votre enfant est âgé de moins de six ans vous pouvez également faire appel à un kinésithérapeute exerçant dans un centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP).
Vous pouvez aussi être accompagné par un kinésithérapeute exerçant dans un service de soins à domicile (type SESSAD) ou encore en cabinet libéral.
Enfin, le Service Régional de l’AFM-Téléthon de votre région peut vous indiquer des professionnels compétents. N'hésitez pas à les contacter.
Le mot du kiné :
“ L’important lors de la recherche d’un kiné ce n’est pas tant de savoir s’il est spécialisé ou non, mais plutôt s’il est à l’écoute, s’il est accessible, disponible et s’il est prêt à échanger avec d’autres confrères si besoin (comme les kinés conseils).”
Bilans et suivi
L'évaluation initiale par un kinésithérapeute ou le médecin de médecine physique et de réadaptation (MPR) lors de la consultation pluridisciplinaire est une étape importante, guidant les objectifs de traitement et le choix des techniques pour chaque patient. Ils évaluent la force musculaire, la mobilité, la souplesse ainsi que la fonction respiratoire.
L’état orthopédique est évalué grâce à différents bilans : fonctionnel, ostéoarticulaire, musculaire, douleurs...
Le bilan respiratoire comporte l'auscultation des poumons par un médecin, l'observation de la morphologie du thorax, les explorations fonctionnelles respiratoires, la mesure de l’oxygène et du CO2 dans le sang… (gazométrie, saturation du sang en oxygène) …
Au cours du suivi kinésithérapique régulier, votre kiné peut évaluer l'efficacité de la prise en charge et apporter les ajustements nécessaires pour optimiser les effets. Le but est de garantir une personnalisation continue du traitement, assurant une réponse adaptée à l'évolution des besoins de la personne.
La kinésithérapie motrice
Dans la plupart des maladies neuromusculaires, l’affaiblissement affecte d'abord la fonction motrice qui se manifeste par une diminution de la force musculaire, des difficultés à marcher, se relever... Les séances régulières avec un kinésithérapeute permettent de lutter contre la fonte musculaire et la perte d'autonomie en stimulant et assouplissant les muscles. Elles préviennent les rétractions tendineuses et réduisent les douleurs dans l’objectif d’améliorer la mobilité et l'équilibre. On distingue principalement deux types d'approches :
Les techniques passives
Réalisées par le kinésithérapeute sur un patient en position de relaxation musculaire, elles visent à assouplir les tissus et prévenir les raideurs articulaires :
- Les massages ont effet décontracturant qui soulage les douleurs musculaires et articulaires tout en stimulant la circulation sanguine. Le kinésithérapeute applique une pression contrôlée sur les muscles, favorisant leur détente et atténuant les sensations d'inconfort et de raideur.
- Les étirements effectués par le kinésithérapeute visent à mobiliser muscles, os, et articulations. Ils améliorent la flexibilité musculaire et la mobilité articulaire. Ils peuvent être particulièrement bénéfiques pour prévenir les raideurs, maintenir l'amplitude des mouvements et favoriser une meilleure posture.
- Les mobilisations visent à augmenter l'amplitude articulaire. Le kinésithérapeute mobilise les articulations pour étirer les tissus environnants et améliorer la souplesse articulaire. Progressives et adaptées aux capacités de la personne, elles contribuent à maintenir ou restaurer la mobilité des articulations, ce qui peut être essentiel pour réduire la douleur, prévenir les limitations de mouvements à long terme et conserver ses possibilités gestuelles.
- Bains chauds (balnéothérapie) : l'immersion dans une piscine d'eau chaude décontracte et assouplit, mais favorise également la circulation sanguine. La mobilisation des muscles est facilitée.
Les techniques actives
Elles sollicitent la participation et l'effort du patient et visent à renforcer la musculature et à stimuler les capacités fonctionnelles tout en s’adaptant aux possibilités de chaque personne
- Le renforcement musculaire consiste en des exercices visant à développer la force des muscles sollicités. Ils peuvent être réalisés avec ou sans matériel, en fonction des capacités et des besoins spécifiques.
- Les exercices de marche et d'équilibre peuvent inclure des marches progressives, des changements de direction voire des défis d'équilibre pour améliorer la mobilité et la coordination.
- L’entraînement à l'effort vise à améliorer l'endurance physique : il peut inclure des exercices cardio-respiratoires modérés, tels que la marche rapide ou le vélo lorsque cela est possible, entrainent la personne à des niveaux d'activité physique plus intenses.
- Les exercices aquatiques offrent un environnement moins contraignant pour les articulations tout en permettant une résistance accrue. L'effet d'apesanteur permet de se tenir debout et de marcher plus facilement.
Stimulation de la motrice dans l'eau chez un enfant atteint de SMA
La persévérance, clé du succès :
La régularité des séances, au rythme de deux à trois par semaine, est la clé de la réussite d'une prise en charge kinésithérapique. La persévérance est le maître-mot dans cette démarche de rééducation. Lorsque des résultats décevants suscitent des doutes, un dialogue ouvert avec le kinésithérapeute peut permettre d'ajuster la prise en charge de manière bénéfique.
Pour maintenir motivation et dynamisme, l'alternance entre deux kinésithérapeutes peut être envisagée. Cette démarche peut apporter une diversité d'approches et d'équipements, favorisant un regain d'enthousiasme.
La continuité des soins est cruciale, mais manquer une séance de manière exceptionnelle n'est pas problématique. Il est recommandé de prévenir le kinésithérapeute à l'avance et de reprogrammer rapidement toute séance annulée. La communication proactive contribue à maintenir les acquis fonctionnels et à assurer la fluidité du processus de soins.
La kinésithérapie respiratoire
Les maladies neuromusculaires provoquent l’affaiblissement des muscles respiratoires comme le diaphragme (muscle qui permet d’inspirer) et/ou les abdominaux (muscles impliqués dans l’expiration et la toux) dans l’enfance ou à l’âge adulte : c’est le cas dans la myopathie de Duchenne, l’amyotrophie spinale, les dystrophies musculaires des ceintures…
Moins stimulés, le thorax et les poumons s’enraidissent ; cela empêche d’inspirer et d’expirer l’air avec une amplitude suffisante pour bien renouveler l’air des poumons ce qui entraîne une augmentation du CO2 et une réduction de l’oxygène du sang.
Tousser est aussi plus difficile ce qui engendre une rétention des sécrétions bronchiques, encombrement des bronches et un risque d'infection pulmonaire.
- La prise en charge respiratoire repose sur une stratégie personnalisée, évoluant en fonction des besoins individuels au fil du temps. Les séances de kinésithérapie respiratoire aident à préserver des mouvements respiratoires assez profonds pour que les poumons soient bien ventilés et bien drainés de leurs sécrétions. Plusieurs techniques sont mises en œuvre pour atteindre ces objectifs :
- Mobilisations passives et étirements : le kinésithérapeute effectue des mouvements articulaires et étire les muscles du thorax et des bras, dans le but d’améliorer leur mobilité pour faciliter les mouvements d’inspiration et d’expiration...
- Ventilation dirigée : À travers des exercices guidés, le kinésithérapeute aide la personne à travailler l'inspiration et l'expiration pour améliorer la maîtrise du souffle.
- Hyperinsufflations mécaniques : l'utilisation d'un appareil tel que le "relaxateur de pression" (Alpha 300) qui envoie dans les poumons un volume d'air supérieur à celui d'une respiration spontanée, aide à la croissance des poumons et du thorax pendant l'enfance, tout en maintenant leur souplesse à l'adolescence et à l'âge adulte où ils continuent d’être utilisés.
Apprendre avec votre kiné…
Votre kiné est votre allié dans la recherche d’un confort de vie et d’une préservation de vos capacités motrices et respiratoires. Demandez-lui si vous pouvez réaliser des exercices seul en suivant ses conseils. Par exemple,
. comment mieux tousser pour limiter les risques d’encombrement et d’infections
. comment rester souple en effectuant quelques exercices qu’il peut vous indiquer
. comment repérer les signes d’exacerbation ou de dégradation respiratoires.
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