Difficultés à avaler ou dysphagie
Éprouver des difficultés à déglutir n’est pas une maladie en soi mais un symptôme qui peut traduire l’existence d’une maladie sous-jacente. Petite revue des causes mais aussi des conséquences possibles.
La dysphagie se définie par une gêne ou un blocage ressenti lors du trajet d’un aliment ou d’une boisson depuis la bouche jusqu’à l’estomac. Elle peut survenir à tous les âges de la vie, dans la petite enfance comme chez les personnes très âgées. Elle peut aussi se localiser dans la gorge ou plus bas au niveau de l’œsophage et de l’estomac, apparaitre de façon brutale ou très progressive, être permanente ou intermittente, concerner un ou plusieurs types d’aliments, voire les boissons ou même la salive, s’accompagner ou non d’une douleur… Toutes ces caractéristiques orientent vers une ou plusieurs causes possibles.
Parfois des signes indirects
Les jeunes enfants et les personnes qui ont des difficultés à communiquer ou des troubles cognitifs n’expriment pas toujours de façon précise ou ne ressentent pas forcément de façon typique leurs difficultés à avaler. Des problèmes de déglutition peuvent alors se manifester notamment par :
• une perte de poids inexpliquée
• des difficultés à respirer, une toux lors des repas ou après,
• un excès de salive,
• des régurgitations par la bouche ou le nez,
• un fractionnement des bouchées,
• un temps de repas qui augmente,
• des bronchites ou des infections des poumons (pneumopathies) récurrentes,
• une réticence voire un refus de s'alimenter.
Des difficultés à avaler peuvent avoir des conséquences majeures sur la santé : un amaigrissement, une déshydratation ou encore des fausses routes fréquentes.
Faire une fausse route, c’est avaler « de travers » : l’aliment ou le liquide passe dans les voies respiratoires au lieu d’aller dans l’œsophage, ce qui peut provoquer des bronchites ou des infections des poumons à répétition ou encore entrainer un étouffement.
La déglutition, un acte pas si simple
Déglutir est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait. Cela suppose des actions volontaires et involontaires reposant sur des muscles striés et des muscles lisses, parfaitement coordonnés entre eux et aussi avec les muscles respiratoires.
Trois étapes sont nécessaires pour acheminer jusqu’à l’estomac un simple morceau de pain :
- dans la bouche : des mouvements volontaires des muscles de la mâchoire et de la langue notamment permettent de mastiquer le pain, de le mélanger à la salive et de le propulser vers la gorge (pharynx),
- dans la gorge : des muscles lisses déplacent, de façon reflexe, le « bol alimentaire » (dans ce cas le pain mâché et enrobé de salive) du pharynx vers l’œsophage, avec fermeture temporaire des voies aériennes pour les protéger,
- dans l’œsophage : des mouvements involontaires des muscles lisses de l’œsophage font progresser le bol alimentaire jusqu’à l’estomac.
L’origine d’une dysphagie peut se situer à chacune de ces trois étapes.
En chiffres
1 500 à 2 000, c’est le nombre de fois par jour où un humain déglutit sa salive, en dehors des repas
20 secondes, c’est le temps moyen mis par un aliment pour passer de la bouche à l’estomac
31 muscles interviennent de façon coordonnée pour déglutir
Sources : SFODF, Roper et al 2022, Audag 2017
Faut-il consulter ?
Si la difficulté à avaler est apparue de façon brutale, une consultation en urgence s’impose car il peut s’agir d’un aliment bloqué ou d’un corps étranger (bille, pile bouton…). Il faut appeler le Samu (15) si la personne s’étouffe.
En dehors de cette situation, il faut prendre rendez-vous avec son médecin généraliste pour toute dysphagie persistante. Il pourra entreprendre un premier bilan et orienter, si besoin, vers le spécialiste le plus adapté (ORL, gastro-entérologue, neurologue…). Consulter sans trop tarder, c’est important afin d’éviter de subir de trop lourdes conséquences de la dysphagie et pour bénéficier au plus vite d’un traitement efficace.
Parmi les causes possibles…
- des infections comme l’angine et la pharyngite, sources de dysphagie temporaire,
- les conséquences d’un traitement local (radiothérapie du cou, chirurgie…), d’une intubation ou d’un médicament (antihistaminique, anticholinergique, neuroleptique…),
- un cancer de l’œsophage ou ORL (bouche, gorge…) avec dans ce cas une dysphagie qui s’aggrave de façon progressive parfois, associée à une douleur de l’oreille et/ou une modification de la voix,
- un accident vasculaire cérébral,
- une maladie de Parkinson ou d’Alzheimer,
- un reflux gastro-œsophagien, une œsophagite,
- un syndrome de Sjögren, aussi appelé « syndrome sec » car il se manifeste notamment par une sécheresse de la bouche et des yeux,
- des spasmes de l’œsophage, une achalasie (pas de contraction des muscles de l’œsophage ni de relâchement de son sphincter inférieur),
- une maladie neuromusculaire comme la myasthénie auto-immune, la dystrophie musculaire oculo-pharyngée, la myopathie oculo-pharyngo-distale, la myosite à inclusions, la sclérose en plaques, le syndrome de Guillain-Barré ou encore la sclérose latérale amyotrophique (SLA ou maladie de Charcot) dont la forme dite « bulbaire » débute par des troubles de la déglutition et de l’élocution. Dans toutes ces situations, une bonne installation de la personne malade lors du repas est essentielle pour faciliter la déglutition.
Ce qui semble normal pour tout à chacun (déglutir) peut représenter un véritable challenge pour une personne atteinte de myasthénie, comme le montre avec humour cette vidéo de la coalition européenne All United for MG, une instance à laquelle participe le Groupe d’intérêt Myasthénie de l’AFM-Téléthon.