Syndrome de Crigler-Najjar : point d’étape de l’essai de thérapie génique
Les résultats préliminaires d’un essai clinique pour le syndrome de Crigler-Najjar, une maladie rare du foie, ont été présentés au congrès de l’EASL (European Association for the Study of the Liver), le 26 juin 2021. Avec des premières observations encourageantes.
Maladie génétique rare du foie, le syndrome de Crigler-Najjar se caractérise par l’accumulation anormale de bilirubine dans l’organisme. Cet excès de bilirubine est dû au mauvais fonctionnement d’une enzyme (UGT1A1) chargée de transformer la bilirubine en substance éliminable par l’organisme.
Or, lorsque la bilirubine s’accumule, elle provoque une jaunisse intense et chronique, et devient toxique pour le cerveau, ce qui peut causer d’importants dommages neurologiques et devenir mortel.
Fanny Collaud, chercheuse à Généthon, vous en dit plus sur ce syndrome ultra rare :
A l’heure actuelle, seule la photothérapie permet de faire diminuer le taux de bilirubine contraignant les patients à rester sous des lampes bleues jusqu’à 12h par jour.
Un essai de thérapie génique, avec un candidat- médicament mis au point par l’équipe « Immunologie et Thérapie Génique des Maladies du Foie », dirigée par le Dr Giuseppe Ronzitti à Généthon, a démarré en France, en Italie et aux Pays-Bas. Cet essai européen dont le promoteur est Généthon, le laboratoire de l’AFM-Téléthon, a pour objectifs de s’assurer de la tolérance du produit, de définir la dose optimale et d’évaluer l’efficacité thérapeutique du candidat-médicament.
« L’équipe a beaucoup travaillé sur ce projet de la conception et développement de l’approche jusqu’à l’essai. Nous avons, en effet, conçu le candidat-médicament, fait les preuves d’efficacité pré-clinique, puis conçu le produit pour l’essai clinique. » explique le Dr Giuseppe Ronzitti.
La thérapie génique consiste à apporter aux cellules hépatiques une copie du gène (UGT1A1) codant une enzyme qui permet l’élimination de la bilirubine.
Les résultats préliminaires viennent d’être présentés lors de l’International Liver Congress par le Dr d’Antiga, l’un des investigateurs de l’essai (Bergame, Italie). Selon les premières observations, le candidat-médicament est bien toléré et montre des premiers effets thérapeutiques qui restent à confirmer lors de la poursuite de l’essai.
En effet, les deux premières cohortes démontrent la sécurité et la bonne tolérance du produit chez les 5 patients traités, ainsi qu’un effet-dose à confirmer.
Dans la cohorte 1, traitée à la plus faible dose, les cliniciens ont observé un effet thérapeutique transitoire mais ne permettant pas l’arrêt prolongé de la photothérapie à la 16ème semaine post-injection (critère d’efficacité du produit)
Dans la cohorte 2, traitée à une dose supérieure, la première patiente montre une diminution forte du taux de bilirubine qui lui a permis de d’arrêter la photothérapie depuis plusieurs semaines. La deuxième patiente a vu également son taux de bilirubine décroitre fortement. Son traitement est trop récent pour démontrer une baisse stable de ce taux, mais si cette baisse se confirmait cette patiente pourra à son tour interrompre la photothérapie d’ici quelques semaines.
« Ces premières observations présentées lors du dernier congrès de l’EASL montrent que la thérapie génique pourrait devenir une alternative thérapeutique pour cette maladie du foie sévère. Nous devons rester prudents car l’essai se poursuit et nous permettra d’évaluer sur la durée et chez d’autres patients ces premiers résultats encourageants. » déclare Frédéric Revah, directeur général de Généthon.