Myosite: un accéléromètre au poignet pour mesurer l’activité physique

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essai avec SRP-4053

Une étude de l’Institut de Myologie confirme les atouts prometteurs de l’accélérométrie pour évaluer l’activité physique quotidienne et donc l’effet d’un traitemen

Les myopathies inflammatoires idiopathiques (ou myosites) sont des maladies auto-immunes pour lesquelles des traitements sont disponibles. « Ils permettent en général aux patients de récupérer une fonction musculaire quasi-complète » précise Jean-Yves Hogrel (Institut de Myologie, Paris).

Chiffrer l’impact d’un traitement sur les muscles dans la vie quotidienne

Une équipe de l’Institut de Myologie a mis au point un dispositif pour évaluer l’activité physique quotidienne de personnes atteintes de myopathies inflammatoires idiopathiques. « Son niveau reflète la capacité d’un patient à bouger », indique Jean-Yves Hogrel. « Sa mesure objective permet d’estimer les répercussions d’une pathologie sur la vie des patients et de mesurer son évolution au cours du temps ».
Cette mesure est réalisée grâce à un dispositif porté au poignet, contenant un accéléromètre qui enregistre les accélérations et les décélérations provoquées par les mouvements. Sa petite taille n’interfère pas avec l’activité physique spontanée, laquelle peut être enregistrée en continu puis analysée... un peu comme le font les bracelets connectés disponibles dans le commerce. « L’internet des objets permet d’imaginer de nouvelles possibilités d’évaluation à domicile à l’aide d’objets connectés », explique Jean-Yves Hogrel. « Ils sont encore très peu utilisés dans le champ des maladies neuromusculaires, mais pourront apporter des informations pertinentes en complément des examens réalisés à l’hôpital ».

Des résultats prometteurs

Publiés en juillet 2017, les résultats d’une étude pilote consolident les bases scientifiques d’un tel usage. Cette étude a consisté à équiper d’une montre dotée d’un accéléromètre cinq personnes atteintes d’une myopathie inflammatoire, nouvellement diagnostiquées, afin d’enregistrer leur activité physique près de vingt-trois heures par jour, deux semaines par mois pendant un semestre.
L’objectif était d’évaluer les changements de leur niveau d’activité physique quotidienne induits par le traitement et de les comparer aux paramètres d’évaluation habituels (symptômes, testing musculaire manuel, qualité de vie, dosage de la créatine kinase…).
Fortement réduite avant le début du traitement, l’activité physique quotidienne a ensuite augmenté sous traitement de façon progressive au fil des mois, une augmentation associée à une amélioration des symptômes et de la qualité de vie, alors que les résultats du testing musculaire n’ont plus progressé après une phase initiale d’amélioration.
Le dispositif utilisé dans le cadre de l’étude se montre donc plus sensible pour évaluer les changements induits par le traitement. Il est aussi moins coûteux que d’autres outils d’évaluation de l’activité physique. « Nous avons utilisé un dispositif commercialisé qui permet d’accéder aux données brutes des accéléromètres. Les signaux sont ensuite analysés à l’aide d’un logiciel développé et utilisé par une communauté de chercheurs », signale Jean-Yves Hogrel. « Cela nous libère des outils d’analyse commerciaux propriétaires qui limitent l’interprétation et la comparaison des données ainsi que leur utilisation à grande échelle, à des coûts raisonnables ».

L’équipe française n’entend d’ailleurs pas en rester là : outre la prolongation de l’étude pilote, « Nous comptons également élargir ces investigations chez des patients porteurs d’autres pathologies neuromusculaires à l’Institut de Myologie, puis dans d’autres centres à travers le monde » révèle Jean-Yves Hogrel.

Sources

Évaluation de l’activité physique par accélérométrie : une mesure prometteuse chez le patient porteur d’une pathologie neuromusculaire. Anne Berthomier (Institut de Myologie), juillet 2017

Physical activity monitoring: A promising outcome measure in idiopathic inflammatory myopathies.
Bachasson D, Landon-Cardinal O, Benveniste O, Hogrel JY, Allenbach Y.
Neurology. 2017 (juil).