Myosite et myasthénie : le point sur les traitements par anticorps anti-Covid-19
En complément de la vaccination, les personnes traitées par des immunosuppresseurs peuvent bénéficier, dans certaines circonstances, d’anticorps dirigés contre le SARS-CoV2.
De quoi parle-t-on ?
Il existe différents médicaments à base d’anticorps dirigés contre la protéine Spike (ou S) située à la surface du SARS-CoV2, le virus responsable de la Covid-19. Ils sont produits en laboratoire, par des cellules en culture. Ces anticorps sont dits « monoclonaux » car ils sont fabriqués par un clone de cellules, toutes identiques, développé pour produire un type d’anticorps contre une seule et même cible : la protéine S.
Un indice dans leur nom Casirivimab, tixagevimab, sotrovimab… la dénomination commune international (DCI) de tous les anticorps monoclonaux se termine par « mab », le « m » pour monoclonal et « ab » pour anti-bodies.(anticorps en anglais). |
Comme les anticorps fabriqués par l’organisme après vaccination ou après Covid-19, les anticorps-médicaments se fixent sur le coronavirus pour l’empêcher de pénétrer dans les cellules et de s’y multiplier, réduisant le risque de développer une forme grave de la maladie.
À ce jour, trois médicaments de ce type disposent en France d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) : le Ronapreve® (association casirivimab et imdevimab) et l’Evusheld® (tixagevimab – cilgavimab) qui s’administrent en perfusion, et le Xevudy® (sotrovimab) en injection intramusculaire. Tous n’ont pas les mêmes indications.
Pour quoi faire ?
Les anticorps monoclonaux anti-Covid-19 peuvent être utilisés dans trois situations :
- pour soigner la Covid-19, hors forme sévère (pas besoin d’oxygène) et dans un délai de cinq jours maximum après le début des symptômes,
- pour prévenir la Covid-19 en cas de contact avec une personne qui a la Covid-19 (« prophylaxie post-exposition »),
- ou pour prévenir la Covid-19 en dehors de tout contact avec le virus (« prophylaxie pré-exposition »).
Les indications de chaque médicament évoluent au fil de la pandémie et des variants en circulation. Ainsi, le Ronapreve® n’est plus indiqué en prophylaxie depuis fin 2021 car il n’est pas efficace contre le variant omicron. Il reste indiqué pour traiter une Covid-19 dûe au variant delta, mais cette indication s’avère actuellement toute théorique. « En pratique, nous n’administrons plus de Ronaprev® puisque la quasi-totalité des contaminations sont dues au variant omicron » constate le Dr Guilhem Solé, responsable du Centre de référence des maladies neuromusculaires Atlantique Occitanie Caraïbe, au CHU de Bordeaux.
Le Xevudy® est en revanche efficace contre omicron. L’Evushled® l’est aussi et c’est également le seul à pouvoir être utilisé en prévention hors cas-contact (situation de pré-exposition). « Sa longue demi-vie permet une durée de protection d’au moins six mois après l’administration prophylactique d’une dose unique » précise la Direction générale de la Santé. Néanmoins, « il faut souligner que l’Evusheld® est contre-indiqué chez les personnes qui présentent au moins deux facteurs de risque cardiovasculaires, comme une dyslipidémie, un diabète, une obésité, une hypertension ou encore un tabagisme, cite le Dr Solé. Cela limite vraiment ses possibilités d’utilisation en prévention ».
Covid-19 | Préventif post-contact | Préventif | |
Ronapreve® | Oui si delta | Oui si delta | Non |
Evusheld® | Oui | Oui | Oui |
Xevudy® | Oui | Non | Non |
(Indications au 01.02.2022)
Qui peut en bénéficier ?
La production des anticorps monoclonaux anti-Covid-19 est complexe, ce qui en fait des produits rares, administré uniquement sur prescription d’un médecin hospitalier, aux seules personnes à très haut risque de Covid-19sévère et qui n’ont pas développé d’immunité (peu ou pas d’anticorps contre la Covid-19) en dépit d’une vaccination complète, ou qui ne sont pas éligibles à la vaccination (contre-indication).
En pratique, sont à très haut risque de forme sévère notamment les personnes immunodéprimées, que ce soit en raison d’une maladie ou d’un traitement comme le rituximab ou les corticoïdes à forte doses. Autant de médicaments utilisés pour soigner la myasthénie auto-immune et certaines formes de myosites.
Comment procéder ?
Il est conseillé de contacter le médecin chargé du suivi en consultation spécialisée neuromusculaire. Il pourra vérifier que vous remplissez bien les conditions nécessaires pour bénéficier de l’un des traitements par anticorps monoclonaux contre la Covid-19. Chacun de ces médicaments possède en effet des indications très précises, mais aussi des contre-indications liées à l’état de santé ou à l’âge. Le Xevudy® et le Ronapreve® sont par exemple utilisables dès 12 ans, l’Evusheld® à partir de 18 ans. De plus, les hôpitaux ne disposent pas tous de ce type de traitement. Votre médecin pourra vous adresser si nécessaire à l’établissement le plus adapté.
Sources
Mise à disposition de l’anticorps monoclonal du laboratoire GSK : XEVUDY® (sotrovimab, 500 mg solution à diluer pour perfusion). DGS-URGENT N°2022_13. Direction Générale de la Santé
Mise à jour des informations relatives à l’utilisation des anticorps monoclonaux et des autres traitements en lien avec l’évolution de l’épidémie de COVID-19 liée au SARS-CoV-2 : impact de la diffusion du variant Omicron. DGS-URGENT N°2022-03. Direction Générale de la Santé
Traitements par anticorps monoclonaux actuellement disponibles contre la Covid-19 et utilisation selon les variants. Mise à jour du 10 janvier 2022. ANSM