Myopathie liée à SEPN1 : une étude de cohorte qui fera date
Une histoire naturelle à long terme de la myopathie liée à SEPN1 et de ses critères de sévérité précisent la prise en charge et préparent le chemin vers de futurs essais cliniques
Si les premières anomalies du gène SEPN1 (appelé maintenant SELENON) ont été initialement décrites chez des enfants présentant une dystrophie musculaire congénitale avec une colonne raide, des anomalies de ce gène ont été aussi retrouvées par la suite chez des personnes présentant soit une myopathie à multi-minicore, soit une myopathie congénitale avec disproportion congénitale des types de fibres ou bien encore une myopathie liée à la desmine avec des pseudo-corps de Mallory. Compte tenu de la grande similarité de leurs manifestations cliniques et des anomalies génétiques en cause, ces quatre maladies autosomiques récessives sont considérées comme des variantes de la même maladie : la myopathie liée à SEPN1/SELENON, communément appelée sélénopathie.
La plus grande étude publiée à ce jour
Une grande étude rétrospective concernant 132 personnes (dont 69 en France) atteintes de myopathie liée à SELENON, âgées de 2 à 58 ans avec un suivi allant de 8 mois à 25 ans, a été publiée en septembre 2020 par une équipe internationale d’experts des maladies neuromusculaires, dont de nombreux médecins de la filière française Filnemus.
Toutes les personnes ont présenté des signes de myopathie avant l’âge de 15 ans et pour 84,8% des cas dans les 2 premières années de vie : hypotonie néonatale dans un tiers de cas, mauvais contrôle de la tête, acquisition de la marche en moyenne aux alentours de l’âge de 18 mois, faiblesse musculaire, chute fréquente, difficultés à monter des marches, à courir, scoliose précoce, hyperlordose ou colonne raide...
Les enfants présentent une faiblesse modérée des muscles du visage avec une voix aiguë nasonnée, un long cou, un thorax plat, une colonne raide et une faiblesse des muscles fléchisseurs du cou et du tronc avec une marche préservée. Ils sont capables de monter des escaliers et seule la fatigue limite les longues marches en extérieur. Peu performants en sports, certains présentent une raideur du cou qui les empêche de faire une roulade avant. La prise en charge de la scoliose (d’abord par corset, puis par arthrodèse vertébrale) et de l’atteinte respiratoire (par la mise en place d’une ventilation assistée) permet de stabiliser la maladie pendant plusieurs décennies. Les auteurs de cette étude préconisent une surveillance respiratoire annuelle (comprenant notamment la recherche d’anomalies pendant le sommeil) afin de mettre en place suffisamment tôt une ventilation assistée non invasive nocturne.
Des critères pour une meilleure prise en charge et en prévision des futurs essais cliniques
Á partir de leur description des différentes manifestations de la myopathie liée à SEPN1, les auteurs proposent une classification selon la gravité des signes. Son objectif est de mieux ajuster la prise en charge et préparer de futurs essais cliniques en déterminant des groupes de patients plus homogènes (formes sévères, modérées, légères).
Ils mettent également en garde contre un régime hypercalorique « à l’aveugle » pour lutter contre la maigreur survenant après la puberté, lequel risquerait d’aggraver des difficultés métaboliques sous-jacentes.
Source
The clinical, histological, and genotypic spectrum of SEPN1-related myopathy: A case series
Villar-Quiles RN, von der Hagen M, Métay C, Gonzalez V, Donkervoort S, Bertini E, Castiglioni C, Chaigne D, Colomer J, Cuadrado ML, de Visser M, Desguerre I, Eymard B, Goemans N, Kaindl A, Lagrue E, Lütschg J, Malfatti E, Mayer M, Merlini L, Orlikowski D, Reuner U, Salih MA, Schlotter-Weigel B, Stoetter M, Straub V, Topaloglu H, Urtizberea JA, van der Kooi A, Wilichowski E, Romero NB, Fardeau M, Bönnemann CG, Estournet B, Richard P, Quijano-Roy S, Schara U, Ferreiro A. Neurology. 2020 Sep 15;95(11):e1512-e1527.