Myopathie centronucléaire : preuve de concept du tamoxifène chez la souris
Une étude française montre des effets bénéfiques du tamoxifène sur la force des muscles et les caractéristiques structurelles et moléculaires des fibres musculaires de souris modèles de myopathie centronucléaire.
Une équipe strasbourgeoise, soutenue par l’AFM-Téléthon, s’est penchée sur la possibilité d’utiliser ou « repositionner » le tamoxifène dans la myopathie centronucléaire (CNM). Ce médicament, couramment employé pour traiter le cancer du sein, a déjà montré des effets encourageants dans des modèles animaux d’autres myopathies, comme la myopathie myotubulaire ou la myopathie de Duchenne.
Les chercheurs ont étudié les effets de cinq semaines de tamoxifène chez des souris modèles de deux myopathies centronucléaires : l’une liée au gène BIN1 (CNM-BIN1) et l’autre au gène DNM2 (CNM-DNM2).
La force musculaire est retrouvée
Chez les deux modèles de souris, la prise de tamoxifène améliore la force musculaire.
Dès le 7e jour de traitement chez les souris CNM-DNM2, les performances motrices de l’ensemble du corps sont meilleures que celles des souris non traitées. La capacité d'effort est nettement supérieure et la production de force musculaire s’améliore de 80 %.
Chez les souris CNM-BIN1, la fonction musculaire est complètement recouvrée après traitement, avec une force de contraction similaire, voire supérieure à celle des souris non malades.
En revanche, quel que soit le modèle animal, le tamoxifène ne permet pas de réduire l’atrophie musculaire.
Des effets sur la structure de la fibre
Tandis que la fibre musculaire est désorganisée chez les souris malades, ces anomalies sont complètement corrigées chez les souris CNM-BIN1 traitées avec le tamoxifène, des effets qui ne sont cependant pas retrouvés chez la souris CNM-DNM2.
La quantité importante anormale de protéines BIN1 chez la souris CNM-BIN1 n’est pas corrigée par le tamoxifène, mais le médicament permet de réguler la dégradation de la protéine DNM2, et en réduit les niveaux anormalement élevés dans les deux maladies. Ces effets positifs ne sont malheureusement pas retrouvés dans les cellules isolées de patients.
Bien que la réponse au traitement soit différente chez les souris selon la mutation impliquée, ces résultats montrent le potentiel thérapeutique du tamoxifène dans les myopathies centronucléaires, à début précoce comme tardif. L’essai clinique en cours testant l’innocuité et l’efficacité du médicament dans la myopathie myotubulaire fournira des éléments supplémentaires concernant son applicabilité chez les patients atteints de myopathie.
Source
Tamoxifen improves muscle structure and function of Bin1- and Dnm2-related centronuclear myopathies.
Gineste, C., Simon, A., Braun, M. et al.
Brain 2022 : awac489.