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Myasthénie : entrainer une auto-tolérance semble fonctionner, chez la souris

Publié le
Vignette Actualité - Vignette chercheur avec pipette

Sur le principe de la désensibilisation d’une allergie, des chercheurs sont parvenus à rendre des souris modèles de myasthénie auto-immune tolérantes à leurs propres récepteurs à l’acétylcholine.

Dans les maladies auto-immunes, le système immunitaire se dérègle et s’attaque à un constituant du corps. Il le considère comme un élément extérieur qui doit être neutralisé. Pour défendre l’organisme, le système immunitaire s’attaque à ce constituant en produisant des auto-anticorps. Dans la myasthénie auto-immune, ces auto-anticorps sont le plus souvent dirigés contre les récepteurs de l’acétylcholine.

Infographie - Système immunitaire

Mimer un mécanisme existant

Des chercheurs espagnols, aidés d’une équipe de l’Institut de myologie, ont essayé de restaurer la tolérance à ces récepteurs et d’éviter ainsi que l’organisme les considère comme extérieurs à lui. Pour ce faire, ils se sont inspirés d’un phénomène naturel (l’efférocytose) qui permet l’élimination, par le système immunitaire, des cellules mortes. Ce mécanisme s’appuie sur la présence, à la surface des seules cellules mortes, d’une molécule lipidique, la phosphatidylsérine. Sa présence permet au système immunitaire de reconnaitre les cellules mortes et de les éliminer. Leur élimination limite le risque que l’organisme se sensibilise à différents constituants cellulaires que la cellule morte pourrait relarguer. A contrario, un défaut d’efférocytose peut favoriser le développement d’une maladie auto-immune. 

Réduire la sévérité de la myasthénie et le taux d’anti-RACh

Sur ce principe, l’équipe espagnole a développé de microscopiques billes de lipides (liposomes) riches en phosphatidylsérine dans lesquelles elle a encapsulé un fragment du récepteur de l’acétycholine (RACh), le tout « reproduisant » une cellule morte à éliminer. Les liposomes ont été injectés à des souris modèles de myasthénie auto-immune humaine, produisant des anticorps anti-RACh. Sept semaines plus tard, le taux d’anticorps anti-RACh avait diminué chez les souris traitées avec les liposomes contenant du RACh par rapport aux souris traitées par des liposomes vides ou contenant une autre protéine que le RACh. Sur le plan moteur, les scores des souris modèles de myasthénie ayant reçu les liposomes contenant des RACh s’étaient également améliorés. 

Une idée explorée depuis plusieurs années

Ces travaux se poursuivent, pour tester différentes doses et modes d’injections avec l’objectif d’améliorer l’efficacité des liposomes-RACh. L’équipe espagnole a par ailleurs déjà testé, à un stade préclinique, ce même principe thérapeutique dans trois autres maladies auto-immunes : le diabète de type 1 (première publication en 2015), la sclérose en plaques (2017) et la polyarthrite rhumatoïde (2022). 
L’intérêt d’un tel traitement est notamment de ne pas modifier l’ensemble de la réponse immunitaire (contrairement aux médicaments immunosuppresseurs) et d’être spécifique d’un type d’auto-anticorps : anti-RACh dans ce cas, anti-MuSK si l’on encapsulait des protéines tyrosine-kinase spécifiques du muscle (MuSK) dans les liposomes… 

Source
A new platform for autoimmune diseases. Inducing tolerance with liposomes encapsulating autoantigens.
Almenara-Fuentes L, Rodriguez-Fernandez S, Rosell-Mases E et al.
Nanomedicine. 2022 Dec 5;48:102635.

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