Maladies neuromusculaires et Covid : les leçons de la première vague

Publié le
V_Masque_AS334998298

Proportion de personnes atteintes, gravité de l’infection, impact de la Covid-19 sur la maladie neuromusculaire, les résultats d’une étude menée par la filière Filnemus, avec l’AFM-Téléthon, sont plutôt rassurants.

La crainte semble avoir réduit le danger. Les personnes atteintes de maladies neuromusculaires en France ont été en proportion moins nombreuses que les autres à contracter la Covid-19 durant le premier confinement : 17/10 000, contre 26/10 000 dans la population générale. Cette différence serait due à « une attention particulière des patients aux mesures d'auto-isolement et d'hygiène », ainsi qu’aux « actions menées par les associations de patients neuromusculaires et Filnemus », selon les résultats d’une étude nationale. Cette dernière a associé les centres experts de la filière des maladies rares neuromusculaires Filnemus et l’AFM-Téléthon notamment.

Un peu toutes les maladies, sauf la SMA

Menée lors du premier confinement en France, du 25 mars 2020 au 11 mai 2020, cette étude a recensé 84 personnes ayant développé des symptômes de Covid-19 et/ou eu un test positif. Elles étaient atteintes de myasthénie auto-immune ou de syndrome myasthénique congénital dans 34 cas, de myopathie dans 27 cas (dont trois de calpaïnopathie, autant de dystrophie musculaire de Duchenne et quatre de maladie de Steinert) et de neuropathie dans 23 cas, le plus souvent une maladie de Charcot-Marie-Tooth. A contrario, l’étude n’a comptabilisé aucune personne atteinte d’amyotrophie spinale proximale liée à SMN1 (SMA) et touchée par la Covid-19.

Davantage d’hospitalisation, mais moins de décès

La majorité (58%) des 84 personnes atteintes de maladie neuromusculaire a développé une Covid-19 d’intensité suffisamment modérée pour pouvoir être soignée à domicile. Les autres ont dû être hospitalisées, pour certaines en réanimation (12 personnes). Dans cette cohorte, l’hospitalisation était plus fréquente que dans la population générale, mais le taux de mortalité plus faible (11% versus 14%).

Le diabète, un facteur de risque à prendre en compte

Dans près de six cas sur dix, la Covid-19 n’a eu aucun effet à court terme sur la maladie neuromusculaire, le risque de la voir s’aggraver augmentant en cas de diabète ou d’obésité. Le diabète, l’hypertension artérielle et une maladie neuromusculaire sévère augmentent également le risque de développer une forme grave de Covid-19. En revanche, la prise au long cours d’un traitement par corticoïdes ou médicaments immunosuppresseurs ne semble pas associée à un sur-risque significatif de Covid-19 sévère, dans cette étude du moins. Une autre étude, menée sur près de 700 personnes atteintes de maladies inflammatoires et rhumatologiques, avait montré au contraire fin 2020 que la prise de corticoïdes augmente le risque de forme grave.

En savoir plus sur les recommandations de vaccination contre la Covid-19
Sur le site Filnemus
Sur le site de l’AFM-Téléthon

Sources
A multicenter cross-sectional French study of the impact of COVID-19 on neuromuscular diseases
Pisella LI, Fernandes S, Solé G et al.
Orphanet J Rare Dis. 2021 Oct 26;16(1):450.

Severity of COVID-19 and survival in patients with rheumatic and inflammatory diseases: data from the French RMD COVID-19 cohort of 694 patients.
FAI2R/SFR/SNFMI/SOFREMIP/CRI/IMIDIATE consortium and contributors.
Ann Rheum Dis. 2020 Dec 2;80(4):527–38.