Maladie de Sanfilippo B : premiers résultats encourageants d’un essai de thérapie génique
Une thérapie génique dans la maladie de Sanfilippo de type B semble avoir un impact positif sur l'évolution du développement cognitif des malades.
Des travaux publiés le 13 juillet 2017 dans la revue Lancet Neurology montrent les résultats encourageants d’un essai de thérapie génique réalisé chez quatre enfants atteints de la maladie de Sanfilippo de type B (appelé aussi MPS IIIB).
Le syndrome de Sanfilippo est une maladie génétique rare, qui touche environ un enfant sur 100 000. Elle affecte le développement du cerveau après la naissance et entraine quelques années plus tard sa dégénérescence. Les premiers symptômes de la maladie – hyperactivité, déficit intellectuel progressif – se manifestent vers l’âge de deux ans. Cette maladie conduit, en 5 à 10 ans, à un état de polyhandicap et à un décès prématuré.
Le défi à relever pour espérer traiter la maladie de Sanfilippo consiste à concevoir une méthode permettant de fournir l’enzyme manquante dans le cerveau, le plus tôt possible après la naissance. Afin d’y arriver, l’essai thérapeutique débuté en octobre 2013, conduit par l’Institut Pasteur et réalisé à l’hôpital Bicêtre, AP-HP a consisté à injecter dans différentes zones du cerveau d’enfants atteints un vecteur de thérapie génique (AAV2/5) capable d’induire la production de l’enzyme manquante par les cellules cérébrales. L’objectif spécifique de l’essai de phase I/II était d’apprécier la tolérance au geste chirurgical et au candidat médicament ainsi apporté par la thérapie génique.
Aboutissement de dix années de travaux préalables, notamment chez l’animal, les chercheurs ont mis en oeuvre ce traitement chez quatre enfants âgés d’un an et demi à quatre ans (précisément 20, 26, 30 et 53 mois). Aucun effet secondaire notoire lié au traitement, qu’il soit clinique, radiologique ou biologique, n’a été constaté durant les 30 mois qui l’ont suivi, témoignant de la bonne tolérance. De plus, dès le 1er mois qui a suivi le traitement et durant les 30 mois de l’étude, les chercheurs ont observé la présence de la protéine Naglu dans le liquide cérébrospinal des quatre participants à un niveau égal à 15 à 20% du niveau présent chez les personnes non malades. Des bénéfices neurocognitifs ont été également observés dans le comportement et l’activité quotidienne des 4 enfants traités en comparaison avec l’évolution naturelle de la maladie. Les résultats différents cependant selon l’âge auquel les enfants ont été traités : ralentissement du déclin cognitif pour le patient le plus âgé, stabilisation pour deux autres, et poursuite du développement cognitif chez l’enfant le plus jeune.
Ces résultats sont l’aboutissement de deux décennies de partenariat et de soutien financier de l’AFM-Téléthon, le Dr Jean-Michel Heard de l’Institut Pasteur et de l’Inserm, et les Professeurs Marc Tardieu et Michel Zérah, de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP, et des universités Paris-Sud et Paris Descartes