La thérapie génique démontre son efficacité à long terme pour le syndrome de Wiskott-Aldrich
Des équipes françaises et britanniques viennent de publier dans Nature Medecine les résultats à long terme de l’essai clinique de phase I/II lancé par Généthon en 2010 chez des patients atteints du syndrome de Wiskott-Aldrich. Huit patients ont vu leur système immunitaire rétabli et leur état clinique s’améliorer, au terme d’un suivi allant jusqu’à 9 ans après traitement.
Déficit immunitaire complexe rare et sévère d’origine génétique, le syndrome de Wiskott-Aldrich touche uniquement les garçons. Il se traduit par des hémorragies, des infections graves et à répétition, de l’eczéma sévère et, chez certains patients, des réactions auto-immunes et l’apparition de cancers. Le seul traitement disponible à ce jour est la greffe de moelle osseuse qui nécessite un donneur compatible.
En 2010, Généthon a lancé un essai clinique de thérapie génique pour ce déficit immunitairequi consiste à prélever chez les malades des cellules souches sanguines porteuses de l’anomalie génétique (cellules souches hématopoïétiques CD34+), puis à les corriger au laboratoire en introduisant le gène WAS sain grâce à un vecteur lentiviral développé par l’équipe d’Anne Galy à Généthon où ont également été produits les lots cliniques de vecteurs. L’essai a été mené en parallèle à l’Hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, au Great Ormond Street Hospital et au Royal Free Hospital à Londres.
Aujourd’hui, les résultats à long terme de cet essai confirment l’efficacité de la thérapie génique chez 8 patients traités, alors âgés de 8 mois à 30 ans, avec un suivi de 4 à 9 ans après traitement.
Le traitement a permis de corriger les principaux symptômes de la maladie comme les infections sévères récurrentes ou l’eczéma et a permis d’améliorer ou de résoudre les hémorragies et les signes d’auto-immunité. Tous les patients traités ont vu leurs épisodes de saignements spontanés diminuer d’une façon significative en fréquence et sévérité même si pour 5 patients, le nombre des plaquettes reste au-dessous des valeurs normales. Des effets bénéfiques ont été également constatés chez le patient le plus âgé, traité à 30 ans, suggérant ainsi l’efficacité de la thérapie génique chez les adultes.
Pour Anne Galy, directrice de l’unité mixte de recherche Integrare (UMR951) à Généthon : « Les équipes de Généthon ont porté ce projet depuis la recherche translationnelle jusqu’à l’essai clinique en travaillant avec les meilleures équipes cliniques sur le plan international. Nous nous réjouissons des résultats de cet essai qui montrent aujourd’hui l’efficacité et la sécurité à long terme de cette approche pour ce déficit immunitaire rare et sévère. »
Basée sur la correction de cellules souches hématopoïétiques autologues, cette thérapie génique représente donc un espoir majeur pour les malades pour lesquels la greffe de moelle osseuse n’est pas possible, faute de donneur compatible.