À la Mémoire de Jon A Wolff
C’est avec une très grande tristesse que nous partageons la nouvelle du décès d’un grand chercheur, pionnier de la thérapie génique et compagnon de route de l’AFM-Téléthon. Jon A Wolff est décédé le 17 avril 2020 d’un cancer de l’oesophage, dont il avait décelé les premiers signes lors d’une visite en France, 18 mois auparavant.
Jon était une personne rare, dont l’intelligence d’esprit n’avait d’égale que sa noblesse de cœur. Brillant scientifique, curieux de tout, qui alliait sa formation de médecin pédiatre à une solide spécialisation de chercheur en biologie moléculaire, il est devenu un acteur majeur de la recherche médicale. Il a forgé les premiers outils de transfert de gènes dont beaucoup sont la base de traitements actuels. Il a inspiré bien des scientifiques dans le monde entier.
Diplômé en Chimie de l’Université Cornell de l’Etat de New-York, puis en Médecine au Johns Hopkins School of Medicine, il s’est spécialisé en Pédiatrie et Génétique médicale à l’Université de San Diego où il a mené en parallèle un post-doctorat au Agouron Institute. En 1988, il devient Assistant Professor puis Professeur de Pédiatrie et de Génétique Médicale à l’Université du Wisconsin à la faculté de Médecine de Madison. Il en dirigera longtemps la division de génétique et métabolisme pédiatrique.
Sa contribution scientifique a été majeure. Il a publié une multitude de travaux de diagnostic et d’avancées thérapeutiques devenus des standards de prise en charge de nombreuses maladies génétiques. Jon a été de la grande période de la thérapie génique dès les années 1980-90, en particulier dans la mise au point de vecteurs ADN et leurs applications aux thérapies du foie, du cerveau et du muscle. Il a collaboré pendant plusieurs années avec l’AFM et la société Transgene au programme de thérapie génique de la myopathie de Duchenne qui a mené en France au premier essai clinique de transfert de gène au monde pour cette maladie.
Certains de ces 80 brevets sont exploités par les plus grandes sociétés de biotechnologies, dont Mirus Corp, qu’il a fondée en 1995, spécialisée dans les nanotechnologies pour le transfert d’ARN interférant in vivo et acquise en 2008 par le géant pharmaceutique Roche puis Arrowhead Research Corporation.
Il a fondé et présidé la Genetic Support Foundation en 2012 et a été conseiller du State of Wisconsin’s Newborn Screening Program, membre du Recombinant Advisory Committee du National Institute of Health américain, membre du Board de la Société américaine de Thérapie génique et membre de notre conseil scientifique.
Il est unanimement reconnu comme un grand médecin-chercheur, philanthrope et aventurier. Son intégrité, son esprit aigu, sa soif de vie, son sourire contagieux, son amour de la science ont marqué tous ceux qui ont eu la chance de côtoyer. Toujours avide de connaissances il s’était passionné récemment pour la physique quantique et la philosophie.
Ses cendres ont été dispersées sur les pentes de la Red Lady Mountain, un sommet de 4000 mètres qu’il aimait gravir dans ses montagnes du Colorado.