FARAD, une famille de maladies liées aux anticorps dirigés contre les récepteurs de l’acétylcholine du fœtus
Des experts neuromusculaires ont rassemblé leurs données pour décrire, mieux diagnostiquer, prévenir et soigner ce qu’ils proposent d’appeler un « désordre associé aux anticorps anti-récepteur de l’acétylcholine fœtal ». Un traitement par immunoglobulines de la mère pendant la grossesse semble en atténuer les manifestations
L’exposition in utero d’un bébé aux anticorps anti-récepteur de l’acétylcholine fœtal (anti-fRACh) de sa mère peut provoquer une atteinte des mouvements du fœtus. Celle-ci peut aboutir à une arthrogrypose congénitale multiple, qui se manifeste par un enraidissement important de nombreuses articulations. Les anticorps anti-fRACh sont aussi en cause dans une myopathie précoce appelée syndrome d’inactivation du récepteur fœtal de l’acétylcholine. Pour mieux connaître ces maladies, un large groupe d’experts a publié les observations de 46 enfants qui en sont atteints et réalisé une revue de la littérature.
Le saviez-vous ?
Au cours de la grossesse, les anticorps de la mère circulent par le placenta et le cordon ombilical jusqu’au fœtus. Ce transfert commence vers la 16ème semaine de grossesse et est maximum au terme de la grossesse.
Sur les 30 mères de ces enfants, la moitié n’avaient pas eu de diagnostic de myasthénie avant la grossesse, bien qu’elles présentaient toutes des anticorps anti-RACh, y compris des anticorps anti-fRACh.
Sur les 85 mères recensées au total avec la revue de la littérature, 21 ont eu un traitement immunosuppresseur soit pour contrôler leur myasthénie (pour 12 d’entre elles), soit par mesure de protection du fœtus (pour 9 d’entre elles). Le traitement des mères a réduit de façon significative la mortalité des enfants par rapport à l’absence de traitement.
Chez les 34 enfants survivants, les rétractions ainsi que l’atteinte respiratoire et bulbaire précoces se sont améliorées avec le temps. Sur 16 enfants qui ont reçu du salbutamol, un traitement efficace dans certains syndromes myasthéniques congénitaux, 13 ont eu des effets bénéfiques plus ou moins importants.
Les auteurs proposent un dosage systématique des anticorps anti-RACh et anti-fRACh en début de grossesse chez toutes les femmes qu’elles soient symptomatiques de myasthénie ou non. Ceci, afin de mettre en place des mesures de prévention des complications de ces « désordres associés aux anticorps anti-récepteur de l’acétylcholine fœtal » (FARAD pour Fetal Acetylcholine Receptor Antibody-related Disorder), notamment par un traitement immunomodulateur de la mère dont les modalités restent à préciser.
Succès allemand d’un traitement préventif
Une femme sans signe de myasthénie mais avec des anticorps anti-RACh élevés, découverts à l’occasion d’un diagnostic de FARAD chez sa première fille, a bénéficié d’un traitement par immunoglobulines intraveineuses au cours de sa deuxième grossesse. À sa naissance, la petite sœur a présenté des petits signes de faiblesse musculaire du visage et de la nuque qui ont disparu au bout de deux mois. Elle a prononcé ses premiers mots à un an et marché à 14 mois.
Sources
The emerging spectrum of foetal acetylcholine receptor antibody-associated disorders (FARAD).
Allen NM, O'Rahelly M, Eymard B et al.
Brain. 2023 May 15:awad153.
Maternal immunoglobulin treatment can reduce severity of fetal acetylcholine receptor antibody-associated disorders (FARAD).
Wassenberg M, Hahn A, Mück A et al.
Neurol Res Pract. 2023 Oct 26;5(1):58.