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Deux succès pour les cellules CAR-T dans la myopathie nécrosante auto-immune

Publié le , mis à jour le
Vignette Actualité - Perfusion

Après différents cancers et plusieurs maladies auto-immunes, parmi lesquelles le syndrome des antisynthétases, une nouvelle forme de myosite a bénéficié par deux fois d’un traitement par cellules CAR-T.

Corticoïdes, tacrolimus, métotrexate, rituximab, tocilizumab, mycophénolate mofétil, cyclosporine, échanges plasmatiques, immunoglobulines par voie intraveineuse à plusieurs reprises et même greffe de cellules souches, aucun de ces traitements n’est parvenu à améliorer vraiment l’état de santé d’un jeune homme de 25 ans atteint, en Chine, depuis sept années d’une myopathie nécrosante auto-immune avec auto-anticorps anti-SRP.
L’hôpital de Tongji, à Wuhan, lui propose alors un traitement par CT103A. Il s’agit de cellules CAR-T dirigées contre une protéine (le BCMA) située à la surface des plasmocytes, les cellules qui produisent les auto-anticorps responsables de la myosite.

Les cellules CAR-T, en 5 points-clés

1. « CAR » est l’acronyme de chimeric antigen receptor, ou récepteur chimérique d’antigène.

2. Les cellules CAR-T sont des lymphocytes T en général prélevés sur la personne malade et modifiés génétiquement en laboratoire pour que, une fois réinjectés, ils reconnaissent et s’arriment de façon spécifique à un antigène donné, présent à la surface des cellules à éliminer (tumorales, immunitaires...).

3. Avant de recevoir ce traitement par perfusion, il peut être nécessaire de réduire fortement mais de façon temporaire l’activité du système immunitaire (immunosuppression) avec des médicaments.

4. Les premiers traitements par cellules CAR-T ont été développés pour soigner différents cancers du sang (leucémie, lymphome...), avec des autorisations de mise sur le marché en France dès 2018.

5. Différents essais cliniques sont en cours dans le monde pour évaluer les traitements par cellules CAR-T dans plusieurs maladies auto-immunes, comme la myasthénie et les myosites, lorsqu’elles sont résistantes aux traitements habituels.

Le patient reçoit la perfusion des cellules CAR-T anti-BCMA le 7 mars 2022. Au troisième mois, les médecins notent une amélioration de la force des membres supérieurs et inférieurs. À neuf mois, l’examen est quasi normal, avec seulement une légère faiblesse résiduelle des muscles proximaux des membres inférieurs. Le patient marche sans aide. Ses médecins parlent de rémission.
Et les progrès sont encore présents un an et demi après la perfusion, sans qu’un traitement complémentaire (corticoïdes, immunosuppresseur ou -modulateur) ne soit nécessaire. Le taux d’enzymes musculaires (CPK) dans le sang est redevenu presque normal, 18 fois inférieur à ce qu’il était avant traitement. Les signes d’inflammation des muscles à l’IRM ont diminué et les auto-anticorps anti-SRP sont devenus indétectables. Côté tolérance, le patient a connu des épisodes, transitoires, de fièvre et de baisse des cellules sanguines après la perfusion.

Une deuxième rémission, dans le cadre d’un essai clinique

Ces bons résultats s’ajoutent à ceux déjà obtenus avec d’autres types de cellules CAR-T dans la myasthénie auto-immune ou le syndrome des antisynthétases. Au-delà, différents essais cliniques en cours évaluent ce traitement innovant dans plusieurs maladies auto-immunes. L’un d’eux prévoit de recruter en Chine 15 patients adultes, pour recevoir des cellules CAR-T nommées TyU19 (anciennement BRL-301). Elles sont dirigées contre CD19, une protéine présente à la surface des précurseurs des plasmocytes. 
Les TyU19 ont la particularité d’être dérivées de lymphocytes T issus, non pas de la personne malade, mais de donneurs en bonne santé (CAR-T dites « universelles »). Des résultats préliminaires de cet essai sont parus en juillet 2024. Ils portent notamment sur une femme de 42 ans atteinte depuis 2013 d’une myopathie nécrosante auto-immune avec auto-anticorps anti-SRP, une maladie très active en dépit de nombreux traitements (prednisone, combinaison de plusieurs immunosuppresseurs, immunoglobulines…). La perfusion de cellules CAR-T a entrainé une amélioration clinique majeure au 1er mois après l’injection, suivie d’une rémission complète dès le 2e mois, persistante au 6e mois. La force musculaire, les atteintes extra-musculaires, la qualité de vie, le ressenti de la patiente et celui de ses médecins ont suivi la même évolution favorable. De même, le taux de CPK s’est normalisé en trois mois et les anti-SRP sont devenus indétectables un mois après la perfusion. 

À noter qu’une quinzaine d’essais cliniques portant sur des cellules CAR-T dans différents types de myosites sont en préparation ou déjà en cours dans différents pays, dont l’un en France.
Pour en savoir plus sur cet essai :
Les essais et études cliniques en France dans les myosites | AFM Téléthon (afm-telethon.fr)

Sources
Single-cell analysis of refractory anti-SRP necrotizing myopathy treated with anti-BCMA CAR-T cell therapy.
Qin C, Dong MH, Zhou LQ et al.
Proc Natl Acad Sci U S A. 2024 Feb 6;121(6):e2315990121.

Allogeneic CD19-targeted CAR-T therapy in patients with severe myositis and systemic sclerosis. 
Wang X, Wu X, Tan B et al.
Cell. 2024 Jul 9:S0092-8674(24)00701-3.

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