Dermatomyosite réfractaire : deux succès pour le tofacitinib
Inhibiteur de janus kinases, le tofacitinib a atteint ses objectifs lors d’un essai clinique et de son extension aux États-Unis. Il a également démontré une certaine efficacité dans une étude conduite au Canada.
L’ampleur de l’essai clinique reste modeste mais ses résultats sont encourageants. Après 12 semaines de traitement par tofacitinib (Xeljanz®) à raison d’un comprimé par jour, 10 personnes atteintes de dermatomyosite résistante aux médicaments habituels ont connu une amélioration significative de leur maladie mesurée par un score qui intègre, notamment, une évaluation de la force musculaire et de l’activité de la maladie.
C’était le critère principal de cette étude pilote. Il a été atteint par 100% des participants. Bien toléré, le tofacitinib a également entrainé une amélioration significative des lésions de la peau chez les 10 participants. Sept d’entre eux ont poursuivi le traitement dans le cadre d’une extension d’une durée de près de deux ans, pendant lesquels les effets positifs du tofacitinib ont perduré.
La peau avant tout
Aux résultats de cet essai clinique viennent s’ajouter ceux d’une étude canadienne, rétrospective, menée sur les données médicales de 35 personnes atteintes de dermatomyosite et traitées par tofacitinib après l’échec de plusieurs médicaments immunosuppresseurs. Le nouveau traitement a entrainé une amélioration significative des manifestations cutanées de la maladie, mais pas de la force musculaire.
Les janus kinases, une cible argumentée
Ce médicament est déjà prescrit dans d’autres maladies (polyarthrite rhumatoïde, rectocolite hémorragique...). Il inhibe des janus kinases, des enzymes nécessaires à l’activation de certaines voies de signalisation impliquant des interférons et pouvant aboutir à une inflammation chronique. Or la dermatomyosite serait une maladie des interférons.
En 2018, une équipe de l’Institut de myologie (Paris) soutenue par l’AFM-Téléthon avait contribué à démontrer l’intérêt d’un autre inhibiteur de janus kinase (JAKi), le ruxolinitib, dans la dermatomyosite résistante aux traitements habituels. Plusieurs essais cliniques sont désormais en cours avec différents JAKi (baricitinib, brepocitinib, tofacitinib) dans les myosites réfractaires. Deux d’entre eux, les essais Bird et Myocit, ont lieu en France.
Sources
Study of Tofacitinib In Refractory Dermatomyositis (STIR): An open label pilot study of 10 patients
Paik JJ, Casciola-Rosen L, Shin JY et al.
Arthritis Rheumatol. 2020 Dec 1.
Long Term Extension Study of Tofacitinib in Refractory Dermatomyositis.
Paik JJ, Shneyderman M, Gutierrez-Alamillo L et al.
Arthritis Rheumatol. 2021 Aug 9.
Tofacitinib therapy in refractory inflammatory myositis: a retrospective cohort study of 41 patients.
Beckett M, Tan J, Bonnardeaux E et al.
Rheumatology (Oxford). 2023 Aug 16.