CMT X1 : un lien entre localisation de la mutation et sévérité des symptômes

Une étude française démontre que le type de mutation à l’origine de la maladie de Charcot-Marie-Tooth X1 influence la façon dont se manifeste la maladie. Trois questions à Luce Barbat du Closel, neurologue au Centre de référence des Maladies neuromusculaires et de la SLA de Marseille, qui a mené ce travail.
Pouvez-vous détailler les principaux résultats de votre étude ?
Pendant un an, j’ai recueilli les données de 275 adultes atteints de maladie de Charcot-Marie-Tooth X1 (CMT X1) pris en charge dans les 13 principaux Centres de référence Maladies neuromusculaires en France. Nous avons catégorisé ces patients en trois groupes selon la localisation de la mutation dans la connexine 32 à l’origine de la maladie : transmembranaire, intracellulaire et extracellulaire. Les patients avec une mutation transmembranaire étaient ceux qui avaient la maladie la plus sévère suivis de ceux avec une mutation extracellulaire, l’ensemble de ces patients présentant un handicap évalué comme étant modéré. Les patients avec une mutation intracellulaire présentaient un handicap moins marqué. Les autres critères étudiés, comme l’âge d’apparition des premiers signes de la maladie, étaient cohérents avec ces résultats.

Le gène GJB1 code la connexine 32, une protéine qui traverse la membrane des cellules de Schwann.
Vous avez cherché à montrer qu’il existe un lien entre les caractéristiques génétiques de la maladie (génotype) et sa présentation clinique (phénotype). Pourquoi est-ce important ?
La CMT X1 est une maladie qui touche environ 3 500 personnes en France. Elle se manifeste de façon très variable, avec de grandes disparités d’un patient à l’autre, mais sans sévérité extrême. Le fait d’avoir mis en évidence une corrélation entre génotype et phénotype va permettre de constituer des groupes comparables et équilibrés pour les futurs essais cliniques. On espère que ceux-ci seront menés dans les prochaines années, car les études réalisées sur des modèles animaux semblent prometteuses. Le sexe pourra également être pris en compte, les femmes ayant des atteintes généralement moins sévères que les hommes.
Au-delà des essais cliniques, qu’impliquent ces résultats ?
Ces résultats sont également utiles pour le conseil génétique. Par exemple, nous allons pouvoir dire aux patients que si leur maladie est associée à une mutation transmembranaire, il est probable qu’ils aient un phénotype modéré. Mais cela ne va pas modifier la prise en charge en elle-même qui repose sur la rééducation et l’appareillage.
Source
Phenotype-genotype correlation in X-linked Charcot-Marie-Tooth disease: A French cohort study
Barbat du Closel L, Bonello-Palot N, Delmont E et al.
Eur J Neurol. 2025 Jan.