Biothérapies innovantes : vers une médecine de précision
Une équipe d'I-Stem a identifié, grâce au criblage sur un modèle cellulaire neuronal, des composés thérapeutiques pour un trouble autistique d’origine génétique, ouvrant la voie vers une médecine de précision.
Dans le cadre d’une étude portant sur le syndrome de Phelan-McDernid, un trouble autistique rare d’origine génétique, une équipe de chercheurs du laboratoire I-Stem (CECS/AFM-Téléthon/Inserm) dirigée par Alexandra Benchoua et Marc Pechanski, en collaboration avec les Pr Thomas Bourgeron (Institut Pasteur/ Université Paris Diderot/CNRS) et Richard Delorme (Hôpital Robert Debré/AP-HP), a pu mettre en évidence le potentiel thérapeutique du lithium chez une patiente atteinte de cette pathologie.
Une très grande partie des personnes atteintes de ce syndrome perdent un fragment du chromosome 22, qui porte une des deux copies de SHANK3. Cette perte a pour conséquence une diminution significative de la quantité de protéine SHANK3 et se traduit donc par des atteintes au niveau des synapses des neurones.
Pour limiter ces atteintes, les scientifiques ont cherché à accroitre l’expression de la copie restante de SHANK3 afin de rééquilibrer les niveaux de la protéine. Pour ce faire, ils ont développé un modèle permettant de produire in vitro des neurones humains à partir de cellules souches pluripotentes.
S’en est suivi un criblage à haut débit de 202 composés pharmacologiques permettant de déterminer les plus susceptibles d’augmenter l’expression du gène SHANK3 dans les neurones. Le lithium et l’acide valproïque se sont avérés être les composés les plus probants parmi ceux testés. Une pharmacothérapie au lithium a donc été pratiquée pendant un an sur une patiente pour laquelle le lithium avait approuvé son efficacité sur ses propres neurones.
Ce traitement donne des résultats très encourageants puisque le degré de sévérité de l’autisme de la patiente a diminué. Un essai randomisé en double aveugle est à présent en cours de préparation par les chercheurs pour confirmer ces résultats.
Ces travaux ont pu mettre en évidence l’intérêt de modèles cellulaires dérivés de cellules souches pluripotentes dans la recherche de traitements pour les troubles autistiques liés à des anomalies génétiques. Cette méthodologie pourrait être employée pour d’autres maladies neurologiques ou psychiatriques, ouvrant la voie à une médecine de précision.